Haut de gamme: un miel de luxe ?

Définissons un miel haut de gamme

Un miel haut de gamme n'est pas forcément un miel rare importé d'on ne sait où (qui plus est, de l'autre bout de la planète).
Cela tient en fait à trois éléments: 

  • - La conduite des abeilles par l'apiculteur et son respect envers elles
  • - Le mode opératoire pour la récolte jusqu'au process de mise en pots
  • - Enfin, le miel ne doit pas être un miel issu de cultures

1/ La conduite des abeilles par l'apiculteur et son respect envers elles

Bon nombre d'apiculteurs, aussi bien en pro qu'en amateur, élèvent des abeilles dans le but de produire du miel. Dans cette course (c'en est une), toutes les techniques de forçage sont bonnes à prendre (transhumances, nourrissements, traitements etc.) jusqu'à même chercher à importer ou élever des abeilles hybrides qui feront plus et mieux que les espèces endémiques.
Certains, font même le choix de payer un lourd tribu pour obtenir une certification Bio, laissant croire ou sous-entendre au consommateur une certaine "pureté produit".
Est-ce qu'avoir recours à des abeilles martiennes pour produire du miel respecte pour autant la Nature ? D'une part, ces abeilles hybrides invasives (comme la Buckfast) pillent les ressources et privent les espèces d'insectes pollinisateurs qui entrent malgré eux en concurrence, d'autre part, l'apiculteur utilisateur de telles abeilles ne se soucie nullement du devenir des variétés d'abeilles endémiques, ne pouvant ignorer que ses faux bourdons iront massivement féconder les jeunes reines des variétés locales.

Le respect de la nature contribue et de loin à la récolte d'un miel haut de gamme.
Quand un apiculteur emmène ses abeilles en transhumance, ce n'est pas pour qu'elles aient de quoi manger, mais bien dans le but de produire un miel bien spécifique. Or que constate-t-on ?
Que le miel est produit uniquement dans un but de répondre à la demande d'une clientèle dépourvue de palais, et dont les choix vont au plus court sur un goût dominant ex. le miel de lavande.
Si un apiculteur sédentaire du midi possède des abeilles endémiques, celles-ci iront bien entendu butiner les lavandes, mais pas seulement ! Etant des abeilles de la biodiversité, celles-ci ne se contenteront pas d'une seule et unique floraison car pour vivre en sédentaire, elles auront besoin de ressources pollinifères. C'est pourquoi, le miel de cet apiculteur sera un miel à dominante "lavande" comparativement à l'apiculteur transhumant amenant dans les champs, ses bêtes de compétition, avides de nectar en abondance.. En réalité, son miel sera bien pauvre car oui, ce sera un miel de lavande, mais non, pas un miel haut de gamme pour autant.

2/ Le mode opératoire pour la récolte jusqu'au process de mise en pots

Vient ensuite le moment de la récolte. Comparativement à l'apiculteur local, l'apiculteur transhumant est tenu à un minimum de rentabilité car le coût des déplacements est devenu prohibitif. Pour ce faire, il va utiliser des techniques modernes de balances connectées sur des ruches témoin. L'apiculteur local quant à lui, pourra dans le même temps visiter plusieurs fois ses colonies d'abeilles afin de suivre leur progression en temps et en heure. Jamais il ne les perturbera en plaçant par exemple 2 hausses d'un coup pour palier au temps nécessaire entre deux visites. Ses abeilles font corps avec lui et il prend le temps de les bichonner et d'être attentif à leurs besoins.

Une fois les hausses à miel récoltées, celles-ci partent en "miellerie". Or, sachez qu'il existe 3 sortes de mielleries:

  • - Une miellerie plus ou moins industrielle, 
  • - Une miellerie artisanale conventionnelle
  • - Une miellerie purement artisanale

a/ La miellerie industrielle

C'est une miellerie dotée d'une chaîne d'extraction automatique ou semi-automatique selon la taille de l'entreprise. Vous pouvez visionner cette vidéo pour vous donner une idée du travail réalisé grâce à ce type de chaines (voir la vidéo ci-dessous).
Le brassage favorisant la préoxydation, le chauffage et la centrifugation sont autant d'éléments qui vont permettre un énorme gain de temps, malheureusement, au détriment d'une qualité digne d'un haut de gamme.

b/ Une miellerie artisanale conventionnelle

miellerie artisanale

Vous trouverez sur l'internet une pléthore de vidéos d'apiculteurs amateurs sous les mots clés  "extracteurs à miel"
Un extracteur à miel est en fait une sorte de grosse centrifugeuse dans laquelle on place les rayons de miel pour en extraire le miel.
Juste avant cela, l'apiculteur doit désoperculer ses rayons à l'aide d'un couteau spécifique. Si ce couteau est chauffant, cela altère déjà la qualité du miel.
Ensuite, vous voyez généralement sur ces vidéos, le miel "gicler" sur la paroi interne de l'extracteur. En se "fracassant contre cette paroi, le miel emmagasine des centaines de milliers de micro-bulles d'air qui en éclatant, libèrent une partie des tanins du miel.

Quand on entre dans une miellerie artisanale, cela sent super bon !  Hélas, ces parfums aussi exquis soient-ils, sont les parfums qui ont été soustraits au miel ! On ne peut par conséquent toujours pas parler de miel "haut de gamme". 

c/ Une miellerie purement artisanale

le pressage à froid du meil est une longue opération

Bien qu'ancestrale, le pressage à froid du miel est une méthode assez récente. Remise sur le devant de la scène en 2013, tandis que la demande commençait à se faire de plus en plus impérieuse chez les amateurs de l'excellence.

Cette méthode, parfaitement documentée, se pratique de manière totalement manuelle. La miellerie est dotée d'un pressoir à main inox pour, non pas "extraire" le miel de ses alvéoles de cire, mais favoriser son écoulement très lent par le découpage et pressage des gâteaux de miel disposés dans des haussettes spécialement prévues à cet effet.

Contre une quinzaine de minutes tout au plus pour un passage à l'extracteur, le pressage à froid requiert entre 6 et 8 heures de travail pour une seule pressée.

Quand on entre dans la miellerie, on ne remarque pas "d'odeur" particulière car l'action de pressage ne produit pas de pré-oxydation du miel du fait que le miel n'est pas projeté contre la paroi de l'extracteur. Avec un pressoir, il s'écoule lentement à travers un tamis avant sa récupération dans une maie haute puis un maturateur inox qui permettra une lente séparation des corps miel-cire.

Le miel produit de la sorte est un miel complet, avec ses valeurs intrinsèques, sans jamais avoir été altéré tout au long du processus. En cela, on peut parler d'un miel haut de gamme.
Plus tard, son conditionnement en pots de verre (et non de plastique), ses conditions de stockage (à l'abri total de la lumière et des écarts de température) offrira au fin gourmet, un miel de luxe car la valeur ajoutée de la main d'œuvre aura sublimé ce joyau de la nature.

La symbiose Abeille, Nature, et apiculteur est un ensemble de trois domaines où la magie opère. Pourrait-on voir un tel miel en grandes surfaces où seule la guerre des prix compte ?


3/ Un miel haut de gamme ne doit pas être issu de cultures

Les cultures signifient "miel monofloral" produit en abondance dans l'abondance.
De tous temps, l'apiculture a cherché à produire toujours plus, au détriment de miels plus subtils, offerts généreusement par une grande biodiversité.

Quand un apiculteur des Vosges ou de Bretagne transhume ses ruches sur les lavandes du midi de la France, où est le coté naturel ? Est-ce raisonnable ?

Quand on calcule bien les coûts, l'apiculteur transhumant perd de l'argent à moins d'avoir la chance à ses cotés. Mais une année de vaches maigres peut suffire à l'envoyer dans les dettes, surtout dans un marché où l'on importe des "miels bio" à 1,80 € du kilo !
Quel intérêt donc de faire perdurer un schéma obsolète où les consommateurs de sucre ne sont pas les amateurs de vrais bons miels ?
Produire des miels de la biodiversité plutôt que des miels de cultures permet à l'apiculteur de s'en sortir. A en juger du turnover annuel, je pense que cette leçon n'est pas encore comprise.

Avec les miels de terroir, nos palais voyagent. Il est grand temps de les rééduquer quitte à en consommer moins.
Quand bien même un miel artisanal coûte très cher à produire, souvenez-vous que le miel, un bon miel, ce n'est pas du sucre de betterave

Chacun doit pouvoir vivre de son travail. En cherchant à servir une clientèle respectueuse de ce précepte, l'apiculteur est soutenu dans tous ses efforts. Personne n'a à rougir d'un prix de vente élevé de son travail dès lors où celui-ci est juste.
25 ans d'apiculture professionnelle m'ont permis d'en vivre et je suis toujours là, présentant un miel en rayon ou un miel pressé à froid avec un prix de vente nettement supérieur à la médiocrité proposée sur l'internet. Mais cela m'a permis de toujours honorer mes engagements, de payer mes charges et impôts et de ne rien devoir à personne sinon que le meilleur de moi-même.

Découvrez ici mon miel en rayon et mon miel pressé à froid


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