La Ruche Warré, une ruche écologique ?       - par Bernard NICOLLET, Abeille & Nature -

Date de révision de la page: 02/03/2023

. Mon expérience avec la Ruche Warré

La ruche Warré n'est pas une ruche plus écologique qu'une autre ! C'est une ruche différente pour une apiculture différente, principalement pour les personnes croyant tout et n'importe quoi (je pèse mes mots).
Depuis fin 2009, nous avons volontairement stoppé notre production de ruches Warré ou d'essaims Warré, malgré une demande encore forte à cette époque, (demande dopée par des soit-disant "pro" de la Warré).
J'ai préféré scier la branche car ma conscience me travaillait chaque fois qu'un essaim quittait mon élevage alors que je savais d'avance que l'aventure n'irait pas loin. Les clients voulaient... ils obtenaient... malgré mes avertissements.
Nous avons fait machine arrière toute pour ne plus nous consacrer qu'aux ruches classiques de type Dadant ou Langstroth (qui ont fait leurs preuves partout sur la planète contrairement aux Warré qui ne resteront jamais que franco-française). Depuis la publication de mes articles alarmistes sur la question, la demande s'est faite décroissante, ce qui ne m'étonne pas mais comme l'internet et les réseaux sociaux sont capables d'une grande influence, voici maintenant que la ruche Warré est remplacée par la ruche Kenyane. Alors STOP ! Permettez moi ici mon coup de gueule pour dire "Stop à la connerie !" Si l'innovation peut être saluée, elle doit s'inscrire dans un profond respect de l'abeille et non pas surfer sur le dos de l'abeille pour faire son beurre. Laissez les ruches kenyanes au Kenya et commencez plutôt par apprendre les bases solides de l'apiculture, cela sera davantage salutaire pour les abeilles, mais également pour votre porte-monnaie.

Pourquoi ai-je fait ce choix d'abandonner le format Warré en tant qu'éleveur alors que la demande devenait importante ?
Je vous consacre ici, deux pages pour alimenter votre réflexion avant de vous lancer tête baissée dans ce beau miroir aux alouettes qui surfe sur la vague de l'écologie. Je vous recommande de prendre le temps de cette lecture car sachez que la courbe de perte d'abeilles est parrallèle à la courbe des intrants en ruches Warré et kenyanes, ce dont personne ne parle, et pour celui ou celle qui oserait, il se fera traiter d'incapable dans les forums qui font l'apologie et la promo de ce type de ruches qui ne conviennent pas partout et n'importe où.

Très honnêtement, j'ai préféré ne plus cautionner les trop nombreux échecs obtenus un peu partout en France avec cette ruche Warré alors que comparativement, la plupart des ruches classiques posent infiniment moins de problèmes surtout en apiculture naturelle ou bio.
Je ne dis pas que ce type de ruche ne fonctionne pas ou que ce n'est pas une bonne ruche ! N'allez pas au-delà de ce que j'écris en préparant votre caisse de tomates.. Il est des apiculteurs qui parviennent à s'en sortir et je respecte leur choix bien que cette "réussite" soit très loin d'être une généralité.
Notre production d'essaims porte donc uniquement sur les ruches Dadant mais rien ne vous empêche de persister.. et faire votre propre expérience si vous trouvez à acheter des essaims pour ruches Warré.

Une ruche écologique ?

Vous cherchez à vous lancer dans le loisir de l'apiculture ? Vous avez certainement été séduit(e) par le discours qu'on peut lire sur internet à propos de l'Apiculture ouverte à tous.. Cependant, l'argumentaire principal gravite autour d'une présentation qui ferait de la ruche Warré, une "ruche écologique". Alors querelle de partisans ou pas, je voudrais qu'on m'explique en quoi la ruche Warré est plus écologique comparativement à une ruche Dadant, une Langstroth ou une Voirnot si ce n'est qu'exprimer des arguments subjectifs qui surfent sur la vague sensible de l'écologie et du développement durable.
Dans le fond, quand on réfléchit bien, c'est l'apiculture que l'on pratique qui épouse l'écologie ou qui ne l'est pas ! Pas un format ou une sorte de ruche. Ne sont-ce pas les abeilles qui pratiquent l'écologie ? Alors qu'elles soient dans une grande ruche, une plus petite, une horizontale ou une verticale jusqu'au tronc d'arbre, qu'importe le format... De toutes manières si l'habitat ne leur correspond pas, elles s'en iront dans le meilleur des cas ou mourront dans le pire, sans que les pesticides ne soient mis en première ligne.
Depuis que j'ai écrit ces quelques lignes (qui m'ont valu au passage nombre de critiques par les "api-chateurs" qui n'ont que cela à faire), il semblerait qu'au final, à la vue du nombre d'échecs engendrés, un nouveau marketing fait son apparition avec les ruches Kenyanes pour lesquelles on lance une certaine promo "écolo". La ruche Warré, la ruche Kenyane.. à qui le tour ?
Plus sérieusement, je pense bien plus important de revoir les fondamentaux de notre apiculture avant d'enrichir les courants qui tentent à se démarquer en proposant des formats de ruches tous plus sensationnels les uns après les autres. Que voulez-vous ? Les pigeons existent dans tous les domaines. D'ailleurs, vous avez peut-être entendu parler des ruches Honney Flow® ? Vous savez cette ruche dotée d'un robinet qu'il s'agit juste d'ouvrir pour faire couler le miel ! (La plus belle arnaque de tous les temps en apiculture, pour qui connaît l'apiculture). Les pauvres pigeons croyant bien faire souvent dans une facilité déconcertante, seront attirés comme les insectes avec les lampes UV la nuit.
Mais dites-vous bien une chose: quelque soit le type de ruche que vous exploiterez, si cela ne fonctionne pas avec un modèle classique, cela ne marchera pas mieux avec une soit-disante ruche "écolo"; vous pensez être au-dessus du lot ? Alors faites !

Si vous souhaitez connaitre ma position et mon analyse, à propos de la ruche Warré, et connaitre un avis différent et étayé, un autre son de cloche en quelques sortes, vous pouvez cliquer sur la flèche de bas de page vous conduisant à la page suivante. C'est mon avis que je livre ici (mais pas seulement), qui n'engage que moi, puisque comme vous avez pu vous en rendre compte en lisant mon livre ou d'autres pages de ce site, je suis quelqu'un d'assez "engagé" pour ce qui concerne l'apiculture. Je reçois quotidiennement des courriers et e-mails de personnes qui ont fini par jeter l'éponge avec la ruche Warré alors qu'elles avaient été séduites par le discours et l'idée. Quoi de plus naturel pour un néophyte ?
Le pire, c'est que dans les forums, on traite ceux qui échouent de zéros ou de gens qui n'ont rien compris à l'apiculture ! C'est grave et d'autant plus qu'on ne se lance pas forcément en apiculture pour en faire une activité professionnelle ou lucrative mais d'abord par amour des abeilles ou de la nature ou encore, par envie de faire quelque chose pour les abeilles.
Alors que ceux qui sont allergiques à ma réaction en parlant de "bruits de bottes" (et qui n'ont jamais connu ce que cette expression image), commencent par balayer devant leur porte avant de critiquer ceux qui connaissent l'échec car ils oublient un peu trop facilement de replacer cette ruche dans le contexte de son créateur: l'Abbé Warré et de l'échapatoire fiscal que sa ruche représentait pour ceux qui ne voulaient pas payer d'impôts ! (L'écologie de son temps, il n'en avait que faire...)

Les enjeux d'une apiculture écologique ne trouvent aucun fondement dans le format des ruches mais commencent par le respect de l'abeille indigène que l'on nomme une race endémique. Peut-on parler d'une apiculture écologique sans participer de manière directe à la sauvegarde de cette abeille endémique qu'est l'Abeille Noire ? Il me semble que cet enjeu est capital, en tous cas, bien supérieur aux querelles partisanes à propos du format des ruches car là, il y a un réel sujet.
Et justement, à ce propos, les donneurs de leçons prônant la ruche Warré comme moyen écologique pour s'occuper d'abeilles, devraient mettre une sourdine à leur discours quand ils exploitent dans leurs ruchers, des races d'abeilles non endémaiques (type Buckfast, carnica, italiennes et autres...), car pour aider à la disparition de notre abeille noire (abeille endémique), excusez du peu mais il n'y a pas mieux.

. Quel intérêt réel pour La ruche Warré ?

En dehors des quelques personnes qui réussissent leur apiculture avec des ruches Warré, la petitesse du format oblige à un empilage d'éléments pour que l'intérieur ressemble le plus possible à un tronc d'arbre. regardez à ce sujet la sélection des photos de google quand vous utilisez le mot clé "ruche warré"... on ne vous présente que des "tours hlm". Et bien tant qu'à faire, je préfère et de loin une apiculture calquée réellement sur la culture ancestrale de la ruche tronc plutôt qu'une mauvaise copie avec la ruche Warré. (Cliquez sur ce lien

La Ruche Warré n'est un format de ruche intéressant que sur le papier seulement. Au fond, tout bien pesé dans la balance, pas si intéressant que cela sur le terrain et dans la pratique.
Quand une ruche Warré fonctionne bien, elle est obligatoirement sur 3 corps (ou davantage), empilés les uns sur les autres à la manière d'une tour. Or, comme le principe est d'ajouter les éléments un à un par le dessous pour étendre couvain et miel, il faut à chaque fois tout soulever ce qui en fait vite un inconvénient majeur à moins de se doter d'un élévateur.. mais là, on ne s'adresse plus qu'aux personnes qui ont des ruchers sur un terrain très plat ou dallé car, manutention oblige, vous allez devoir souvent soulever et in fine, déranger davantage les abeilles après vos controles et visites, comparativement à l'extension de ruches Dadant, Langstroth ou autres auxquelles vous décalez une partition pour étendre le nombre de cadres horizontalement.

Là, il faudrait m'expliquer en quoi cette ruche serait plus "écologique", dans la mesure où il faut la développer. N'est-ce pas justement ce que dénoncent les "warristes" en face d'apiculteurs conventionnels parce qu'ils doivent développer de grosses colonies pour produire du miel ? Qu'en est-il pour leur propre égo quand au final on voit de véritables tours HLM avec des warré ?
Dans la nature, un tronc d'arbre squatté par les abeilles ne s'étend pas. Il offre un nid confortable dans lequel la colonie sera limitée au volume de la cavité qu'elle a choisie. Avec les warré, on développe et on ajoute et on ajoute non sans fierté... Où est l'écologie dans ce cas là ? Elle est loin d'être supérieure à ce qu'offrent les ruches classiques et je dirai même à l'inverse, qu'elle dérange davantage les abeilles dont l'habitat est sans cesse perturbé par des agrandissements. Vous voyez donc ici qu'au mot "écologie", on peut faire dire et croire tout et son contraire.

La surveillance du couvain est très importante. Elle permet de connaître l'état de santé de la colonie.

Je ne cherche pas à polémiquer sur ce type de ruche, chacun est libre et choisira en définitive, le type de ruche qu'il entend conduire et conduira ses colonies comme il l'entend c'est à dire sur barrette ou sur cadres. L'essentiel après tout, n'est-il pas le bien-être de nos abeilles ?
A moins de ne jamais ouvrir ses ruches, je trouve (et je suis loin d'être le seul), que le Format Warré est plus difficile à conduire qu'on en a l'impression de prime abord, quand on n'habite pas le midi de la France d'une part et quand on n'a pas d'expérience en apiculture d'autre part car de nos jours, l'apiculture est loin d'être quelque chose de facile et où "yaka" (comme dirait le chanteur).
A petits formats, petites colonies à moins que ne parvenir à dresser de monstrueuses "tours HLM", ou tours de Pise constituées de 4 ou 5 corps mais avant d'en arriver là..  (suite ici..)

Regardez ce qu'ils en disent et en pensent..ici

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