La Mortalité hivernale des abeilles            - par Bernard NICOLLET - Abeille & Nature -

Date de révision de la page: 23/05/2023

Vos abeilles victimes d'un hiver meurtrier ? Lisez cette nouvelle page en cliquant ici !

. Disparition des Abeilles: La Mortalité Hivernale

Depuis une bonne vingtaine d'années maintenant, il n'est pas un jour qui passe sans que nous entendions parler de mortalité des abeilles. Ne pas être au courant est chose impossible à moins de s'appeler... autruche, et encore !
Le raccourci un peu trop facile des pesticides pointe immédiatement l'agriculture du doigt oubliant que le particulier la dépasse allègrement! Il n'y a qu'à regarder les rayons des magasins "verts" pour se rendre compte que nous avons la phobie des insectes, des rongeurs, ... des "nuisibles", mais également la phobie des "mauvaises herbes", ce qui fait que la plupart ont recours à ces produits tueurs de quelque chose.

L'agriculture certes, le jardinier certes, mais pas seulement !
En réalité, si le gros de la mortalité des abeilles peut être hypothétiquement rattaché à ces produits phytosanitaires, l'ignorance ou l'inconscience de nombre d'apiculteurs de loisir mais également chez les jeunes professionnels, est le plus souvent à l'origine de la mortalité des pertes massives des colonies. Pour preuve, s'il n'y avait que l'agriculture, responsable de cette mortalité, on ne devrait alors pas constater le même phénomène dans les régions non agricoles. Or, partout, et presque maintenant sur la planète entière, c'est le même constat: Les abeilles meurent quantitativement. Pourquoi ?

Sur cette page, je vous propose une partie de mon étude, sachant que je développe de manière plus approfondie, les causes des mortalitésdans mon cours d'apiculture en ligne

. Conditions climatiques hivernales et mortalité des abeilles

Je souhaite ici, livrer un certain nombre de pistes qui vous permettront peut-être d'identifier la ou les causes de la mortalité que vous subissez en conditions post-hivernales.
Quand les températures hivernales sont trop douces, les abeilles ne peuvent pas trouver "leur sommeil naturel" (une période sans activité autre que manger pour se chauffer). Elles sont donc oisives et volent en sur-place devant les ruches.
Or, ce qu'il faut comprendre, c'est que les abeilles nées à la fin de l'automne, ont pour rôle essentiel de s'économiser afin de vivre quatre mois, le temps d'assurer la relève des premières abeilles de printemps. Dans les pays tropicaux, la question des saisons ne se pose pas car la végétation est luxuriante et annuelle et la température ne varie que très peu pendant l'hiver, ce qui n'est pas le cas dans notre pays.

La mortalité hivernale des abeilles
Pour enrayer la mortalité hivernale, une bonne préparation à l'hivernage est nécessaire

En dansant devant les ruches en début d'hiver, cela fait peut-être du bien à l'œil de l'apiculteur, mais malheureusement, cela peut également vouloir signifier un danger notoire. Pourquoi ces abeilles d'hiver peuvent-elles vivre quatre mois ou un peu plus alors que les abeilles de saison ne vivent en général que de 35 à 45 jours ? C'est du en grande partie au fait que les abeilles d'hiver n'ont pas à travailler et que le froid condamne à l'immobilité. Leur rôle essentiel est donc d'assurer (au sein d'une grappe qu'elles forment) une température minimale afin d'assurer la survie de la reine au moins jusqu'à la fin de l'hiver.
Par exemple, les conditions de l'hiver 2009-2010 ont été telles que le froid a mis longtemps à s'installer. Les abeilles ne se sont donc pas réfugiées dans la ruche pour former leur grappe. Elles ont ainsi consommé une partie de leur capital vie et sont mortes pour la plupart avant que la relève de printemps ne soit assurée..

Un autre exemple plus proche encore: La saison 2012 a été si pluvieuse que dans de nombreuses régions, les fleurs ont été délavées et les abeilles n'ont pas pu effectuer leurs sorties quotidiennes normalement, et, quand entre deux pluies il y avait un rayon de soleil ou une température plus douce, les ressources en nectars et pollens n'étaient pas accessibles ou pas reconstituées (ce qui a été à l'origine d'une très mauvaise récolte de miel sur l'ensemble du territoire). Or, si l'apiculteur peut pallier au manque de nectar par des apports de sirops de substitution, il n'en va pas de même pour les pollens qui constituent la base essenteille de la nourriture des abeilles. Non seulement celle de la reine mais aussi celle des jeunes larves. Saviez-vous que la gelée royale est issue en grande partie du pollen ? Or cette production de gelée royale peut être de très mauvaise qualité quand les pollens sont absents ou entrent de manière déséquilibrée au sein de la ruche. Par ricochet, les larves seront en carence protéiniques et risquent de développer des maladies dont la prolifération bactériennes ou par spores, peut contaminer un rucher en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
C'est au cours de cette année 2012, que j'ai étudié et mis au point, une technique de distribution de pollen hors des ruches pour aider mes colonies dans ce manque de ressources en protéines et je développerai d'ici quelques semaines un article spécifique à cette étude (le temps pour moi de compiler l'ensemble de mes notes et observations).

C'est un des rares cas où l'apiculteur ne peut rien faire, ni intervenir, car même si les abeilles ont des réserves suffisantes, c'est uniquement un problème de redémarrage de ponte des reines. Il faut cependant rester positif en se disant que les colonies qui ont traversé ces conditions et qui au printemps ont pu repartir, ces colonies donc, sont des souches en or sur lesquelles vous allez pouvoir élever afin de compenser les pertes !

. Une sélection naturelle ?

Oui ! Et c'est tant mieux car ce sont ces abeilles sur lesquelles il convient de redresser votre cheptel. Regardez le coté positif des choses. N'est-ce pas la nature qui reprend ses droits ?
A ce propos, je vous ai écrit un livre d'étude intitulé "Développer et maintenir des ruchers en Apiculture Naturelle", et dans lequel je dresse non seulement les rudiments du travail de sélection, mais également comment redresser votre cheptel si vous avez subi une mortalité hivernale importante. Je vous encourage à le lire et l'étudier car je suis certain qu'il fera votre bonheur et vous permettra de voir l'apiculture sous un autre angle.

. Les autres causes probables et vraisemblables:

En France, il est admis maintenant un taux de pertes de l'ordre de 30%, ce qui est déjà énorme mais très loin de la réalité puisque cette année 2018, ce taux serait passé à plus de 60% ! Pourquoi un taux si élevé ?
En apiculture, une multitude de causes peuvent engendrer la mortalité des abeilles pendant l'hiver ou en fin d'hiver. Cet équilibre est fragile, très fragile et les apiculteurs pas suffisamment attentionnés ou très peu expérimentés le payeront d'une mortalité anormale mais logique ! Ce taux de mortalité est plus fréquent en effet chez l'apiculteur de loisir que chez le professionnel. A cela donc différentes causes:
- Des reines âgées en fin de saison et non remplacées à temps. Beaucoup d'apiculteurs de loisir ne savent pas trouver leurs reines et ne savent pas comment procéder à leur remplacement quand il est temps de le faire. SVP, Venez vous formez !
- Des colonies pas suffisamment populeuses en automne. C'est un constat que je dresse souvent lors de mes interventions chez les apiculteurs qui m'en font la demande. Voici de manière non hexaustive, les principaux facteurs de la mortalité des abeilles:

  • - Des reines âgées comme nous venons de le voir,
  • - Des cadres trop nombreux et trop garnis de nourriture, ne laissant pas de place pour la ponte de fin de saison,
  • - A l'inverse, trop de cadres neufs et pas terminés de construire à l'automne
  • - Un nourrissement tardif : On ne nourrit pas en hiver ! C'est avant qu'il fallait le faire ou en sortie d'hiver avant que le printemps ne démarre
  • - Un nourrissement au candi en fin de saison au lieu d'un bon sirop de nourrissement,
  • - Un traitement anti-varroa inefficace ou effectué trop tardivement, voire; Pas effectué du tout,
  • - Une maladie de la colonie ou de la reine, même jeune non détectée
  • - Un type d'abeilles pas adapté à la localité surtout quand il s'agit d'abeilles issues d'importation ce qui en fait des colonies pas du tout adaptées au climat local)
  • - Des colonies non traitées contre leur prédateur le Varroa ou traitées avec des produits inefficaces ou bien dans l'irrespect du cycle biologique de l'abeille,
  • - Un traitement trop tardif ou approximatif
  • - Un mauvais nourrissement automnal en quantité trop ou trop peu ou avec un sirop mal adapté
  • - Trop de cadres vides en fin de saison (ou à l'inverse trop de cadres pleins). L'équilibre est rompu car les abeilles vont devoir passer leur temps à chauffer, donc, s'épuiser;
  • - Des cadres trop vieux
  • - Une exposition à l'humidité ou trop exposée aux vents froids
  • - Des colonies trop faibles à l'entrée de l'hiver qui auraient du être rassemblées ou partitionnées avant l'hiver..
  • - L'apport de Candi doit être effectué dès que les abeilles rentrent leur premières pelotes de pollen soit, selon la région habitée, du 21 janvier au 21 février, voire tout début mars pour les abeilles de montagne.
  • - Nourrissement de printemps trop tardif si le besoin était là ou avec une nourriture qui ne convient pas à cette période..(exemple: en sortie d'hiver et jusqu'aux premières miellées de printemps, il est bien d'apporter un petit boost aux abeilles par un apport riche en protéines voir ici sur le candi protéiné)

. Faut-il apprendre en perdant ses colonies ?

Quand on débute en Apiculture il est important d'apprendre à identifier les causes de la disparition de nos abeilles. Ici je n'ai pas voulu traiter du sujet de "La disparition des Abeilles" nommé le CCD, mais d'une forme de celle-ci essentiellement liée aux différentes responsabilités de l'apiculteur en redondance à un trop plein de méconnaissances.
Toutes les causes énumérées ci-dessus, avouons le bien, sont essentiellement à la genèse des "fautes" de l'apiculteur. Nous les étudierons en détail lors de mon cours d'apiculture sur internet. Pourquoi ne pas vous inscrire dès maintenant et prendre un peu d'avance pour la saison prochaine? Pour en savoir plus, Cliquez ici

. Une petite anecdote dont vous pourriez bien vous passer:

Un ami apiculteur m'appelle pour m'annoncer qu'il renonçait définitivement à s'occuper d'abeilles. Son moral était au plus bas car il possédait un magnifique rucher d'une quarantaine de ruches d'une part et que pendant l'hiver, il avait subit une opération chirurgicale qui lui interdisait maintenant de porter quoi que ce soit.
La mort dans l''âme, il se résignait à vendre toute sa petite exploitation. Connaissant bien ma passion pour les abeilles, il me donnait la préférence pour le rachat de son rucher d'abeilles noires.
Après lui avoir demandé combien de ruches vivantes il possédait en sortie d'hiver, il s'effondra quand il m'apprit qu'il ne lui en restait plus que 10 car la plupart avait été livrée au pillage entre ruches.
Constatant que mes encouragements pour continuer étaient vains, je lui fis la promesse de prendre soin des survivantes. Mais une question lui taraudait l'esprit. Il était persuadé que ses ruches étaient mortes d'empoisonnement.
Or son biotope local était dépourvu de cultures..
En examinant les ruches mortes, il n'y avait plus d'abeilles. Les cadres étaient gorgés de miel et de pollen. Les ruches pesaient entre 35 et 50 Kg !

Mon diagnostic dressait le constat d'une réaction en chaine suivante:

  • 1/- Trop de réserves donc pas de place pour que la reine ponde en début d'automne. Puisque les colonies n'étaient pas suffisamment populeuses, elles ont pris froid et sont mortes d'épuisement sans pouvoir assurer à la reine un couvain hivernal de sauvegarde suffisant.
  • 2/- Les planchers plastiques n'étaient pas fermés à l'aide de planches de fond. Comme son rucher était situé dans un couloir venteux, et un peu humide, le froid avait toute liberté pour s'engouffrer dans les ruches. Les abeilles, trop peu nombreuses, sont donc doublement mortes de froid.
  • 3/- Les nourrisseurs plastiques Nicot: Alors là, cela m'a un peu fait bondir, venant de sa part.. Bien qu'il soit parfaitement possible d'adapter les nourrisseurs plastiques sur des corps en bois, ceux-ci n'étaient pas dotés de leurs deux cabochons, indispensables pour isoler et créer des cheminées d'accès pour les abeilles. Une erreur supplémentaire avait consisté à disposer d'un couvre cadres en bois sur le nourrisseur. Si cette méthode peut-être acceptable en saison, elle n'est pas trop idéale en hiver. Dans les nourrisseurs, les abeilles avaient presque bouché les trous béant des cabochons avec de la cire tirée. C'était donc bien le signe que les abeilles se protégeaient ou tentaient de se protéger du froid (j'ajoute: du courant d'air qui pouvait se produire entre les planchers non fermés, le vent froid et humide et le dessus des cadres qui donnait libre accès au nourrisseur).
    Une parenthèse ici: si vous achetez des nourrisseurs plastiques, il faut impérativement acheter en même temps les cabochons qui hélas, sont vendus séparément et présentés seulement comme accessoires ! (une grosse faute des revendeurs de matériel)
  • 4/- Un nourrissement automnal inadapté et trop tardif: les ruches non pillées étaient bien garnies en fin de saison. Il était donc parfaitement inutile de les nourrir. Un berger des abeilles doit effectuer cette surveillance de la nourriture constituant les réserves de ses colonies. Bien sûr, de la part de Jean-Paul, c'était un acte généreux  de vouloir faire en sortes que ses colonies ne meurent pas de faim pendant l'hiver. Mais là, il aurait plutôt fallu au contraire, retirer un ou deux cadres de réserves en fin de saison, quitte à les extraire s'il n'en avait pas d'autres afin de laisser au moins deux cadres vides pour que la reine assure sa ponte ! D'autre part, le sirop avait été descendu par les abeilles, mais celles ci ne l'ont pas transformé en miel ce qui était le signe d'un nourrissement trop tardif et d'un début de fermentation.
  • 5/- Des ruches mortes mais.. Nickel ! Un paradoxe. Les ruches étaient vides mais pas pillées; les cadres étaient assez récents et propres.. En me les montrant, Jean-Paul me dit qu'il s'agissait d'essaims capturés sur son rucher.
    - "As-tu Changé les reines lui demandais-je ? "
    - "Non parce qu'elles ont parfaitement commencé leur ponte.. je les ai donc laissées faire leur vie.."
    Encore une erreur de débutant.. et pourtant: Jean-paul n'en était pas un! Quand on capture un essaim, il faut, dans la mesure du possible, faire procéder à un remérage sinon l'essaim a 90 chances sur 100 si ce n'est plus de ne pas passer l'hiver.. N'oubliez jamais ceci: si une reine part à l'essaimage c'est parce qu'elle a un problème ! Lors de mes stages de formation en apiculture, nous étudions en profondeur le thème de l'essaimage, y compris dans mon tout dernier ouvrage sur le développement des ruchers
    Il y avait cinq ruches dans ce cas dans son rucher, pas une n'a passé l'hiver. Il m'avoua avoir compris la leçon mais trop tardivement puisque sa décision était prise et irrévocable malgré tous mes encouragements.

Ainsi donc, vous voyez que même un apiculteur avec plus de dix années d'expérience peut pratiquer une apiculture de hasard. Quand j'ai fini les explications de mon diagnostique, j'ai senti Jean-Paul prêt à reconsidérer sa pratique et puis se résigner à cause de sa santé qui lui dictait d'en rester là. Il eût le regret de ne pas connaitre et de n'avoir pas appris ce qui aurait pu lui épargner bien des déboires hiver après hiver. Jean-Paul si tu me lis, j'ai une sincère pensée pour toi car puisse ton exemple servir pour d'autres apiculteurs..

. Pour améliorer vos conditions d'hivernage

La règle d'or d'un bon hivernage:
Cette règle d'or repose sur 5 points:

  • - 1/- Traitement anti-varroa à la mi-septembre et pas avant afin d'éviter les reprises de cycle en octobre. En cas de miellées tardive, il faut adapter la méthode de traitement.
  • - 2/- Nourrissement dès la fin Aout ou début septembre pour les colonies dans le besoin.
  • - 3/- Chaud à la tête. Il faut prévoir une bonne isolation du dessus de la ruche (avec des matériaux modernes)
  • - 4/- Distribution du Candi à partir du 21 janvier comme expliqué plus haut et non pas en nourrissement automnal,
  • - 5/- Traitement sélectif flash du Varroa en cas de besoin dès la reprise d'activité des colonies (acide formique par exemple)

. Ne gaspillez pas votre argent ni votre temps

On peut avoir des ruches, on peut acheter des colonies ou des ruches peuplées, mais sans les connaissances indispensables de base, c'est bien souvent une apiculture de hasard qui se pratique avec l'amer déception lors d'un constat printanier de disparition des abeilles. Bien sûr on peut réinventer l'apiculture en se passant des conseils d'un professionnel. L'internet facilite trop cet apprentissage sorcier où chacun y va de "petits trucs". Or s'occuper d'abeilles requiert davantage: une application pratique qui repose sur une connaissance solide de base et non pas de petits trucs...
Comme je le martèle sur mon site: Venez au moins faire une petite formation avec Abeille et Nature, inscrivez-vous à mon cours d'apiculture par Internet.. ou bien étudiez mes livres que j'ai spécialement faits pour vous ! Vous ne regretterez pas ce petit investissement, parole de Berger des abeilles !



. Pour Une meilleure compréhension du mécanisme de mortalité hivernale des abeilles..

Comment débuter en apiculture ?
Comment et Quand débuter en Apiculture ?

Si les pesticides tuent une grosse partie de nos populations d'abeilles, les erreurs commises par les apiculteurs qui pratiquent une "apiculture de hasard" sont tout autant mortelles.
Avoir des ruches et des abeilles est une chose. Savoir les conserver en bonne santé une autre. Si vous trouvez ce site internet intéressant, alors vous comprendrez encore mieux en lisant ce livre fait pour vous ! 29 eureos seulement
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