Varroa: Un prédateur trop mal maitrisé... - par Bernard NICOLLET - Abeille & Nature -
Date de révision de la page: 05/01/2020Vos abeilles victimes d'un hiver meurtrier ? Lisez cette nouvelle page !
Pas n'importe comment !Traiter le varroa impose de comprendre le mécanisme d'infestationDécouvrez ma méthode, efficace et reproductible partout sur la planète en lisant la 3ème édition de mon livre Comment débuter en apiculture ?Cliquez ici |
. Comment aider à débarrasser les abeilles du varroa ?
. Existe-t-il un traitement efficace ?
En préambule à cette page sur le Varroa, permettez-moi d'exprimer ici ma pensée profonde en ce qui concerne l'équilibre naturel de la vie des abeilles. Depuis que l'homme, par sa convoitise ou sa cupidité a introduit des sous-espèces d'abeilles autres que l'abeille endémique, les problèmes n'ont fait que s'accumuler. Ce débat n'est pas nouveau car il faisait déjà couler beaucoup d'encre dans les années 1880, au 19ème siècle ! Une centaine d'années plus tard, nous avons vu apparaître dans les années 1980, ce qui allait se révéler être le pire cauchemar des apiculteurs et des abeilles: le Varroa.
2 exemples pour étayer cela:
- Les abeilles présentes sur l'île Maurice était jusque là épargnée du Varroa. Or à cause de la cupidité et l'irresponsabilité (pour ne pas avoir des paroles plus violentes)de certains apiculteurs, le varroa a été importé à dos d'abeilles. Et voilà maintenant l'île atteinte par varroa mais également Atenae Thumidia, et un arrêté préfectoral ordonne la destruction des ruchers atteints par Varroa !
- L'australie, grâce à ses mesures protectionnistes est exempte de varroa, ce qui en fait maintenant le plus gros exportateur d'essaims et de reines (Malheureusement pas d'abeilles noires)
Depuis, une véritable psychose s'est emparée des apiculteurs qui continuent plus de 30 ans après, à se gratter la tête...
Nous n'avions pas assez à faire avec l'utilisation des pesticides pour que l'on ajoute à notre fardeau, une surcharge de soucis. Depuis, nous cherchons à aider nos abeilles à se
débarrasser de leur prédateur mais le plus souvent, force est de le reconnaître à l'aide de traitements chimiques plus ou moins toxiques, chimie dont on retrouve des traces dans les cires mais aussi malheureusement
dans le miel.
Le Varroa est un véritable fléau auquel ont à faire face tous les apiculteurs, débutants tout autant que les professionnels. Mais la nature n'a-t-elle pas prévu une sorte d'autodéfense qui permettrait aux
abeilles de s'en sortir seules ? Si la Nature est bien faite, la main de l'homme a parfois des gestes aux conséquences irréversibles.
Traiter ou ne pas traiter ? Telle est la question dirai-je avec humour.. oui, sauf qu'ici, il s'agit d'une question grave qui mérite plus qu'une simple réflexion: De la sagesse avant
tout. Que l'on soit ou pas partisan de traitements, n'oublions pas que nous pouvons parfois sans le savoir, contribuer à l'affaiblissement de nos colonies. Tout comme il en est pour le corps de l'homme qui
se "bourre" de médicaments, entrainant souvent une diminution de ses défenses immunitaires, ainsi il en est pour l'abeille qui devient elle-aussi plus fragile et pire.. que nous obligeons à entrer dans un monde de
traitements en tous genres y compris de traitements autorisés et recommandés.
Il va donc de la survie de l'abeille, pour autant que cela nous appartienne, que nous utilisions nos méninges pour ne pas entrer dans le monde des apprentis sorciers, ayant recours à des produits et méthodes
non contrôlées et vérifiées. Le web permet la diffusion d'informations qui émanent de trucs ou bidouilles qui risquent fort d'envoyer le néophyte au sanctuaire des abeilles, lui infligeant la perte de ce qu'il aura
mis des années à acquérir.
Mi-Septembre, un moment idéal pour le Traitement du Varroa |
. Que fait-on de la nature et de son pouvoir naturel d'autodéfense ?
Tout au long de notre existence, nous passons de plus en plus souvent à coté de choses simples et évidentes car notre "sagesse" est
détournée vers ce qui se dit (vite) ou colporté et malheureusement mercantile tout comme, à l'inverse, vers le "gratuit" qui n'apporte généralement pas l'expérience
scientifique ou suffisamment étayée pour en ériger un modus operandi fiable. Depuis quelques décennies, partout sur la planète en dehors de quelques îles, le Varroa est
reconnu comme le prédateur principal de l'abeille. Ses ravages sont presque aussi importants que ceux causés par les pesticides, mais combien d'apiculteurs (en dehors
du monde professionnel ou des aguerris) sauront faire la différence entre toutes les causes de mortalité existantes ?
Pour refuge, on a recours à toutes sortes de traitements, y compris ceux qui passent par des pesticides: un comble !
Si l'on en croit le Net, Il existerait une foule de méthodes pour éradiquer le varroa. Du reste, un nombre impressionnant de produits sont
vantés par les uns ou les autres comme étant d'efficaces "Produits miracles" (trop souvent issus du pur imaginatif non contrôlé).
Malheureusement et plus sérieusement aucun produit ni aucune méthode est 100% absolue pour l'éradication totale de ce prédateur sans que cela ne mette en péril la vie
des abeilles ou du consommateur, le champ est ouvert pour tout et n'importe quoi, aussi bien en paroles qu'en actions. Le plus fort c'est qu'on peut voir des vidéos sur
Youtube de "Docteurs et de Scientifiques, de biologistes et d'autres organismes qui se veulent à l'origine sérieux, nous parler de méthodes de traitement du varroa.
Tous commettent des erreurs majeures parce qu'ils n'ont pas pris le temps de vivre avec leur colonies, mais se sont contentés de réaliser des études scientifiques ! Ah mais quelles découvertes !
Personnellement, j'ai eu recours à tous les produits présents sur le marché, y compris ceux dotés d'AMM et prônés par les GDSA dont certains voudraient bien avoir le monopole de distribution pour imposer un produit de toute connivence avec un laboratoire (tiens tiens).... mais même en jouant le jeu dans ce cas, aucun ne m'a donné totale satisfaction: le varroa a toujours été de retour et chaque année, j'ai été contraint à recommencer.. Et par ici la bonne soupe ! Une année, j'ai même poussé le bouchon jusqu'à écouter ceux qui disaient ne pas traiter du tout car les abeilles doivent se débrouiller seules ! (un vrai désastre encore plus singlant que radical dont je parlerai un peu plus loin).
Ceci étant, toutes proportions gardées, mes pertes étaient nettement moins lourdes pour les ruches traitées à l'acide formique
comparativement aux colonies traitées de manière conventionnelle. Je peux affirmer aujourd'hui que cela m'a incité à poursuivre mes recherches pour atteindre une
stabilité qui soit satisfaisante, je veux dire par là, qui soit reconductible et répétitive d'année en année avec un excellent résultat et surtout, qui n'offre pas de
forme de "résistance" ou d'adaptation de la part du varroa par une accoutumance au produit.
De plus, si ma méthode, empirique dans un premier temps je le reconnais, m'a pris plus d'une dizaine d'années de mise au point, nous tenons maintenant "un protocole"
qui met en adéquation le système de reproduction du varroa avec le cycle biologique de l'abeille.
Au grand dam des incrédules, des fixistes ou à l'inverse, des gens qui n'ont jamais pris le temps d'observer la nature alors qu'ils conseillent sur les forums
d'internet, permettez-moi de vous expliquer comment j'en suis venu à l'acide formique en deux exemples étonnants.
Appelé un jour en renfort pour un apiculteur qui devait récupérer des ruches chez un vieil agriculteur, quelle ne fut pas ma
surprise de découvrir des ruches enfouies sous les ronces, inaccessibles sauf après avoir joué de la faux et de la machette ! Une fois les ronces dégagées, nous
découvrîmes des ruches dans un piteux état, avec des bois totalement vermoulus et pourris, abritant pour chacune d'elles une belle fourmillière. Il ne s'agissait pas de
fourmis rouges ou grosses fourmis, mais à l'inverse, des insectes minuscules, portant des oeufs plus gros qu'elles. Et, oh surprise, chaque ruche (ou ce qu'il en
restait), hébergeait une colonie d'abeilles noires (!) sans aucun métissage. Nous étions à la fin de l'été et je me souviens avoir été frappé par une chose lors de leur
transfert dans une ruche neuve: pas une d'entre elles n'avait le moindre varroa.
Pour le deuxième exemple: Dans mes années de débutant, j'avais remarqué que mes ruches qui abritaient des fourmis en saison offraient la particularité suivante: il
n'y avait pas le moindre varroa sur les abeilles. En fin de saison, alors que la reprise du cycle du varroa se réarmait, les colonies qui avaient abrité des fourmis
sous les toits des ruches étaient beaucoup moins envahies que les autres voire pas concernées du tout. Je ne parle pas ici de fourmis à l'intérieur de la ruche ou
passant par l'intérieur contrairement au 1er exemple, mais de minuscules petites fourmis (qui passent par l'extérieur de la ruche) et qui élèvent en saison leur oeufs
sous le toit, dans la chaleur humide et constante qu'offre la colonie.
Pour quelles raisons toutes les colonies malheureusement n'offrent pas le privilège d'accueillir des fourmis au sein d'un même rucher ? Je n'ai hélas pas de réponse
à cette question mais fort de cette observation, je me suis penché sur cette parfaite symbiose issue d'une même famille d'hyménoptères. Quoi de plus naturel qu'aider
mes abeilles à se dévêtir de leur prédateur qu'est le varroa, avec de l'Acide Formique ? N'était-ce pas par excellence le produit organique le plus proche de la nature?
C'est dans une telle réponse que j'ai trouvé les meilleurs résultats jamais obtenus sur mes abeilles, résultats nettement au-dessus de ceux que j'avais obtenus chaque
année. Bien sûr, mes "essais et tentatives" m'ont imposé au départ, un travail totalement empirique (à tâtons) mais toutefois très méthodique car je ne
disposais d'aucun écrit scientifique à ce propos. Les quelques études qui avaient été publiées n'était pas disponibles en mode grand public. Je le reconnais, j'ai perdu
pas mal de colonies avant de comprendre les rouages et mécanismes de l'efficacité. Oui, j'ai essuyé de lourdes pertes pendant toute cette période car je ne parvenais
pas à obtenir un résultat ou une méthode stable et reconductible d'une année sur l'autre.
Je porte à votre connaissance que mon étude a porté sur près de 400 colonies et non pas une ou deux, ni dix ni vingt. Ainsi, de mon entêtement et ma persévérance
est née une façon de procéder fiable: certes un peu contraignante mais fiable, pouvant être aplliquée partout sur la planète à condition se s'inscrire dans la
compréhension, la rigueur et la responsabilité.
La difficulté rencontrée pour l'aboutissement à un résultat optimal d'une équation faisant intervenir 5 paramètres:
- - La population d'abeilles
- - La quantité d'Acide
- - Le titrage de l'Acide
- - La durée de la diffusion
- - La compréhension de la température interne de la ruche tout au long de la saison
. Peut-on parler d'une efficacité radicale contre le varroa ?
Encore une fois, Un traitement radical contre le Varroa n'existe pas sans qu'il ne soit dangereux pour l'homme comme pour les abeilles!
Pour meilleure preuve, on doit traiter chaque année.. sauf quand on dispose de souches d'abeilles qui parviennent à lutter naturellement. *****...
(Cours ou livres )
Les apiculteurs ont donc recours à des produits "autorisés" mais relativement toxiques pour traiter leurs abeilles, produits qui laissent des traces dans les miels
ou dans les cires. Traiter les abeilles n'est pas sans danger pour le consommateur de miel ou des produits de la ruche. C'est pour cette raison que la grande majorité
des apiculteurs pratiquent le traitement contre le varroa dès septembre, après la levée des hausses à miel et bien sûr, à condition que ces produits soient disponibles
en temps et heure. Malgré tout et par-dessus toutes les autorisations visant à leur donner un coté légal, certains d'entre eux (je parle de ceux qui sont prônés avec
une AMM) laissent également imprégner des traces dans les cires. Année après année, ces substances s'accumulent non seulement dans la cire mais aussi dans la
menuiserie des cadres. Ils offrent ainsi une certaine rémanence propice à l'accoutumance au produit aux prédateurs des abeilles. Alors bien sûr, l'apiculteur se donnera
bonne conscience en rétorquant qu'en changeant 3 cadres par an, il échappera à la règle, mais ce n'est pas mon avis. Il faudrait en effet dans ce cas, qu'il procède au
remplacement de tous les cadres annuellement et non pas un, deux ou trois car les abeilles se déplacent dans la ruche. Pour mieux vous faire comprendre ce point,
prenons cette petite analogie:
Alors que la ménagère vient de passer la serpillère dans toute la maison et que le sol est parfaitement propre, vous rentrez à la maison avec vos bottes toutes
crottées sans les quitter pour marcher partout dans la maison.. inutile de narrer la suite n'est-ce pas ?
... ****
Depuis quelques années, nous entendons donc toutes sortes de conseils invitant les apiculteurs à effectuer une rotation des traitements en changeant chaque année la
molécule permettant d'éradiquer le prédateur, ceci afin d'empêcher ce phénomène de rémanence et par conséquent d'accoutumance.
Chaque année, les apiculteurs réclament des produits "efficaces" et le droit d'utiliser des médicaments pour offrir une éradication radicale contre ce prédateur.
Mais permettez-moi cette question: Pourquoi se voiler la face alors qu'il existe des produits dont l'évaporation ne laisse aucune trace qui soit dangereuse pour les
abeilles tout autant que pour le consommateur? Nous assistons hélas sans réagir au même triste constat de ce qui se passe en agriculture avec les pesticides. Tout le
monde connait la dangerosité des pesticides utilisés mais au nom de la mal bouffe, l'emprise des laboratoires passe par-dessus le bon sens; l'apiculture serait-elle en
train de prendre le même chemin ? N'est-il pas temps de réagir et de s'indigner ?
Une autre question mérite réflexion. Quel apiculteur n'a pas constaté que certaines de ses colonies ont beaucoup moins de varroas que
d'autres ? (à condition d'avoir plusieurs ruches pour établir ce comparatif et observation). Quel dommage alors que d'acheter des reines pour remplacer les
vieillissantes alors que ces colonies mériteraient bien d'être sélectionnées pour l'élevage !
Avant de parvenir à résoudre l'équation dont j'ai parlé un peu plus haut, j'ai passé plus d'une dizaine années à étudier et décortiquer les résultats obtenus avec
l'acide formique jusqu'à la fin 2009. Je pensais alors avoir poussé le curseur au maximum de ce qu'il était possible d'atteindre sans que cela ne se transforme en usine
à gaz d'une part, mais aussi pour que cela ne représente pas un danger, ni pour les abeilles, ni pour l'homme, le consommateur.
C'est lors de l'hiver 2012-2013 que je parvins enfin à résoudre enfin cette équation de manière fiable. Jusque lors, je sentais bien que j'approchais du but, mais
il était absolument indispensable de faire chuter le taux de mortalité hivernale des abeilles en-deçà de 5%
Sachez que vous trouverez l'explication détaillée dans mes tous derniers ouvrages () (
dernière édition). Si vous n'êtes pas profondément inspiré par le respect de la nature et des abeilles, les résultats risquent d'être fort décevants car pour
aider les abeilles efficacement avec l'acide formique, il faut bien comprendre un certains nombre d'éléments et surtout que tous ces éléments sans exception soient
réunis.
D'autre part, il me semble indispensable d'insister sur le fait que cette utilisation est rigoureuse et ne permet pas d'interprétation ou le moindre écart celui-ci,
aussi petit soit-il se soldera par un échec total et dans le meilleur des cas, aléatoire.. Ce n'est cependant pas compliqué pour autant.
Avantages et inconvénients de l'acide formique
. Les avantages
- - Efficacité et éradication presque totale
- - Même syntétisé, l'acide formique est soluble dans l'eau et s'évapore au contact de l'air chaud
- - Pas d'accoutumance au produit
- - Les abeilles connaissent parfaitement le produit puisqu'elles en produisent elles-mêmes (composante du venin)
- - Permet un usage flash* en saison
- - On peut l'utiliser alors même qu'il pleut car on n'a pas à ouvrir la ruche
- - faible coût quand on tient compte de ce qu'il en coûte à l'apiculteur de perdre ses colonies
- - L'acide formique est un produit organique issu d'une chimie verte 100% biodégradable
- - Quand il est utilisé dans le nourrisseur hors période de nourrissement, l'acide formique ne requiert pas de température particulière puisque celui-ci est l'élément chaud de la ruche et contribue naturellement à son évaporation
. Les inconvénients
- - La dangerosité du produit lors de la manipulation, ce qui impose le port de gants, d'un masque filtrant et de lunettes de protection
- - Contrainte du process qui impose une rigueur absolue dans le timing
- - Le produit doit être conservé au frais et ne se conserve pas d'une année sur l'autre à moins de le congeler
- - Le titrage (ou pourcentage de l'acide) n'a rien de hasardeux. Trop bas, il est inéfficace, trop fort, il peut tuer la reine ou produire la stérélité des mâles au printemps
- - Il est difficile de se procurer de l'acide formique à 88% dans le commerce, sauf à le payer relativement cher ou acheter des quantités importantes. On recourt donc à un titrage de 85%; En dessous de ce titrage, OUBLIEZ l'ACIDE FORMIQUE
- - Quand il est appliqué par le plancher, l'acide formique requiert un minimum de température extérieure. Or la période d'infestation du varroa correspond justement au retour des nuits fraîches. Par le plancher, le traitement est beaucoup plus aléatoire comparativement au nourrisseur qui n'impose pas de quantité massive de produit, contrairement au nourrisseur qui offre une température constante.
Voici un résumé de mon étude. Mais auparavant, Je vais rappeler en 2 petits chapitres, l'essentiel des cycles biologiques du varroa et de l'abeille. (*****Dans mon livre "Comment débuter en apiculture ?" J'explique ma façon de procéder et dans le second Tome, "Développer et maintenir des ruchers en Apiculture Naturelle", je reviens sur un certain nombre de précisions).
. Le cycle biologique et de reproduction du varroa
La femelle varroa a un cycle de vie d'environ 80 jours*. Elle pond des oeufs qui donnent naissance soit à des mâles, soit à des femelles.
Elle squatte l'abeille pour en sucer la lymphe mais au cours de la première moitié de son existence, elle n'aura cesse d'être animée par la nécessité de se reproduire.
C'est pour cela que vous verrez parfois (souvent), courir des varroas sur les abeilles sans pour autant qu'ils soient plantés dans le tégument de leur hôte.
Chez l'abeille, dès qu'un oeuf vient d'éclore, la larve est nourrie par une bouillie de gelée royale afin qu'elle assume son développement en tant que larve dans un
premier temps, puis, passe au stade de lymphe pour ensuite subir une métamorphose pour aboutir au stade "abeille".
Peu de temps avant l'operculation de la cellule dans laquelle se trouve une larve d'abeille, la femelle varroa s'introduit dans cette alvéole et se "planque" au
fond, afin de ne pas être délogée par les nurses(des abeilles ouvrières). Ces dernières ferment donc la cellule par un cachet (opercule) composé de cire et de propolis afin que la magie de la métamorphose puisse s'opérer.******
Etant maintenant totalement protégée au sein d'une cellule operculée, la femelle Varroa doit agir vite afin de perpétuer l'espèce. Elle se
met en devoir de pondre un tout premier oeuf.
Cet oeuf, n'étant pas fécondé, donne naissance à un mâle (parthénogénèse). A partir de cet instant, notre femelle varroa pondra un nouvel oeuf toutes les 24 à 36
heures, mais cette fois, en pondant des oeufs qui donneront naissance à des varroas femelles.
Dès sa maturité sexuelle, le varroa mâle fécondera ses demi-sœurs qui seront alors au nombre de 4 à 5 voire jusqu'à 9 parfois. Cette petite famille, bien protégée
dans cette cellule fermée, va se développer jusqu'au jour où la nymphe est métamorphosée en abeille et entame sa libération. Selon la quantité de nourriture et de
déjections de la nymphe au cours de sa métamorphose, les varroas en développement peuvent s'en prendre à l'intégrité physique de la larve d'abeille, ce qui expliquera
plus tard que certaines d'entre elles naissent avec des malformations, des ailes nécrosées, ou des membres atrophiés.
La libération et naissance de l'abeille laisse échapper autant de nouveaux varroas (femelles fécondées) qu'il y en avait dans la cellule qui, à leur tour, vont chercher à se multiplier puisque la colonie d'abeilles n'est pas encore saturée et offre un terrain propice à leur multiplication.**** (dans le livre, j'explique comment et à quelle vitesse toute une clonie peut se retrouver en état d'infestation critique).
. Le cycle biologique de l'abeille au début de sa vie
Dès la ponte d'un oeuf devant produire une abeille, celui-ci nécessite 3 jours avant d'éclore pour donner naissance à une larve. Cette larve sera nourrie abondamment pendant 6 jours à
partir de quoi la cellule occupée sera fermée (ou operculée).
12 jours plus tard, la métamorphose de l'abeille est terminée et celle-ci se libère, libérant aussi les varroas qui se sont développés en même temps qu'elle.
Vous comprenez donc que pendant tout ce temps, le varroa est bien protégé, intouchable, ni par les abeilles ni par les produits de traitements. Aussi, lorsque vous utilisez de l'acide formique, vous ne pouvez
atteindre que les varroas se trouvant en milieu aérobie (air libre dans la ruche), et en grande partie dans les cellules non operculées. En revanche donc, tout ce qui se trouvera dans les cellules operculées sera protégé par
l'opercule de la cellule qui fait filtre et qui empêche la pénétration des vapeurs acides tout comme le fait le masque à cartouches filtrantes
que nous utilisons pour nous protéger des dangers de telles vapeurs.
Pour bien faire, il suffirait d'envahir tout le milieu ambiant pendant 18 à 19 jours pour que la colonie soit débarrassée totalement de son prédateur. Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simplistes car
un tel milieu deviendrait intolérable pour l'abeille.
. Varroa: Bon débarras !
Nous voilà maintenant arrivé à la croisée de nos chemins quand je disais plus haut qu'il fallait appliquer une méthode extrêmement rigoureuse si l'on souhaite obtenir un bon résultat***
La suite est développée dans mon livre "Développer et Maintenir des ruchers..."
J'attire cependant l'attention des lecteurs qui seraient tentés de prendre des raccourcis... que pour être efficace, l'acide formique ne doit pas être utilisé n'importe où ni n'importe comment ou n'importe quand dans la ruche. Cela n'a rien à voir avec des méthodes empiriques avec lesquelles il suffirait de placer le produit sur un lange que l'on place sous le plancher ou bien directement sur les cadres (méthodes que je pratiquais dans le passé mais dont les résultats sont aléatoires quand ils ne tuent pas les colonies). Notre volonté de bien faire avec nos abeilles ne doit pas s'arrêter au rang de tests ou de bidouilles et c'est entre autres raisons que je ne publie pas ma méthode ici sous cette page. Il n'y a qu'à voir les questions et réponses données sur certains forums de l'internet pour se rendre compte que des propos sur l'acide formique offrent une grande confusion. Quand on choisit un traitement, on ne s'en remet pas au petit bonheur la chance sinon, ce serait faire peu de cas de vos abeilles. Travaillant avec plus de 400 colonies, ma conduite stricte et rigoureuse fonctionne parfaitement avec des résultats portant sur une mortalité hivernale inférieure à 3%. Aussi, avant de vous lancer à corps et à cri dans un traitement à l'acide formique, je conseillerai au débutant de tester seulement sur quelques ruches afin d'établir un comparatif et de juger au résultat. Bien sûr, quand on ne possède qu'une ou deux ruches, rien n'est franchement parlant, il faut en convenir et dans ce cas là, il vaut mieux s'en remettre à des produits classiques
La fragilisation des colonies par le prédateur de l'abeille devrait quand même nous interpeler. Faut-il obligatoirement traiter nos colonies contre ce prédateur ? Une grande folie (à mon sens) consisterai à commettre une grande erreur que j'ai commise par le passé, en me disant qu'après tout, l'abeille doit se débrouiller seule. Alors ?
. Vers une apiculture sans traitement ?
Rêve, utopie ou réalisme ?
Là est la vraie question qui malheureusement, reste une affaire personnelle puisqu'elle est liée au choix de l'apiculteur lui-même quand il décide d'élever ou de s'occuper d'abeilles non
endémiques, c'est à dire de sous-espèces qui ne sont pas originelles d'une région, d'un biotope. Je vois déjà que certains préparent leur cagette de tomates mûres.. et pourtant !
Permettez-moi de vous expliquer une situation que je constate depuis plusieurs années.
Il y a quelques années, j'exploitais un rucher d'une quarantaine de ruches en montagne, sous un bois d'acacias entouré de sapins et feuillus. Malheureusement, les traitements des plans de maïs avoisinant cette
forêt ont eu raison de ce rucher. Comme ce coin possédait un biotope suffisamment riche, je m'obstinais et décidais de laisser 6 colonies d'abeilles noires en observation. Et puis, du fait que ce rucher était assez
éloigné de chez moi, j'ai fini par négliger mes visites (je le reconnais humblement) qui me coûtaient trop cher en déplacements pour si peu de colonies. Je me disais très souvent que dès que j'aurais une minute, je les
rapatrierai mais trop occupé, je n'ai pas trouvé le temps de le faire pendant les 4 années qui ont suivi. Jusqu'à il y a trois ans, où, dans le besoin de récupérer des caisses vides pour y élever mes essaims, je me
rendis sur ce rucher...
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que toutes ces ruches étaient toujours habitées ! L'une d'elle avait même été renversée lors d'une tempète et, couchée à terre, à moitié enfouie sous les ronces, des
abeilles effectuaient leurs va-et-vient en assez grand nombre. Vous l'aurez deviné... ma première surprise était de constater que les abeilles étaient toujours là, alors que je n'avais effectué aucun nourrissement ni
aucun traitement. Il s'agissait toujours d'abeilles noires, donc des descendantes des abeilles que j'avais abandonnées car de plus, à l'époque, j'étais entouré de 2 apiculteurs locaux dotés de Bucky.
Bien sûr, rendues plus ou moins à leur état "sauvage", leur vigueur était un peu plus hargneuse mais qu'importe ! J'ai redressé la ruche couchée qui était demeurée intacte (il s'agissait de ruches Nicot), dégagé les
ronces qui les empêchaient de rentrer et sortir librement et pris finalement la décision de les laisser se débrouiller pour voir tout en venant surveiller de près cette fois...
Aujourd'hui, six ans plus tard, elles sont toujours là ! Mais alors, le varroa dans l'histoire ? Comment pendant six années sans traitement, ces abeilles ont-elles survécu ? Fort de cette interrogation, j'ai décidé
de prélever 6 essaims artificiels dont les reines ont été fécondées sur ce même rucher, essaims que j'ai disposé sur un autre rucher avec la ferme intention de ne pas traiter contre le varroa ni de nourrir à l'automne.
Les six essaims ont tous passé leur premier hiver. Serait-ce le constat que certaines abeilles luttent de manière naturelle contre ce prédateur et qu'elles gèrent leurs ressources ? Pour l'avoir écrit, et même critiqué,
je jugeais l'attitude du "non traitement" comme totalement irresponsable, puisque l'année où j'avais décidé de ne pas traiter, j'avais perdu plus de 150 colonies. Mais, force m'est de le reconnaitre maintenant, après
réflexion, ces colonies qui n'avaient pas survécu étaient pour la très grande majorité des abeilles hybrides, ou fortement métissées. Auraient-elles payé un lourd tribu à ce que j'évoquais quelques lignes au-dessus ?
Est-ce que cette fragilisation des abeilles ne proviendrait pas en grande partie de la dégénérescence des colonies ?
Aujourd'hui, j'ai la ferme conviction qu'en ayant des abeilles endémiques et parfaitement adaptées à un biotope local qu'elles connaissent bien, ces abeilles manifestent naturellement des signes de résistance aux maladies et à leur prédateur qu'est le varroa. Quand j'ai pris mon bâton de pèlerin pour défendre l'abeille noire il y a quelques années, je l'ai fait par pure conviction. Sans vouloir tirer
une première conclusion, je me retrouve donc renforcé dans cette idée, d'autant plus que je ne suis pas le seul éleveur à constater le phénomène.
J'ai donc décidé pour les années à venir d'orienter mon travail dans ce sens. Bien sûr, il me faudra certainement plusieurs années pour tirer une conclusion (si tant est que je puisse le faire), mais en attendant,
voilà mon nouvel objectif qui consistera, avec le temps, à laisser la nature à être seule juge sans pour autant négliger ma responsabilité de gardien et Berger des abeilles qu'elle me confie.
L'importation d'abeilles, une fausse piste
Je pense, contrairement à beaucoup, que l'importation d'abeilles ou de reines est une erreur capitale mais quand le reconnaitra-t-on ? Il devient urgent pour la sauvegarde de l'apiculture française, d'encourager la reconquête de l'abeille noire et stopper ces importations de reines qui ne riment à rien car il est faux d'affirmer que cela renforce le patrimoine immunitaire de l'abeille. Le patrimoine génétique, oui, c'est incontestable, mais le système immunitaire de l'abeille s'affaiblit à force de croisements. Aussi, ne vous étonnez pas d'avoir des taux de pertes importants !
Peut-être qu'à ce stade de votre lecture, vous commencez à comprendre pourquoi il est important d'agir en refusant de perpétuer une apiculture vouée à l'échec ? En attendant, l'acide formique, en tant que produit organique d'une chimie verte, représente une sérieuse alternative pour ne pas sombrer dans les pesticides apicoles, et reste un moyen relativement naturel pour aider mes abeilles, au moins pour le temps qui me sera nécessaire pour le renouvellement d'un cheptel résistant au complet à ce prédateur. Rêve, Utopie ou Réalisme ?
. Quel coût pour les pertes engendrées ?
J'imagine assez mal les apiculteurs pro décider du jour au lendemain d'arrêter les traitements pour ne conserver que les abeilles qui résisteront car cela représenterait une telle hécatombe
qu'il ne serait pas raisonable de l'envisager sous cet angle. Toutefois, pourquoi ne pas regarder la réalité en face ? A cause d'une course à la vitesse, à la production et aux critères de douceur entre autres.
Aujourd'hui, les apiculteurs producteurs d'essaims français d'Abeilles Noires ne sont pas suffisamment nombreux. La plus grosse majorité des apiculteurs travaillent avec des méthodes d'élevage basées sur le picking
(greffage) quand il ne s'agit pas directement d'importation d'autres sous espèces. Aussi, je gage qu'avec la raréfaction de la flore sauvage, qu'avec les cultures de plus en plus traitées par des pesticides (bien qu'on
entende prétendre le contraire), ces abeilles d'importation ou perpétuées par des pratiques modernes d'élevage conduiront l'apiculteur vers une sorte de course à la poche trouée. Ne cherchant pas une bonne couturière
pour réparer ou refaire la poche, cela tôt ou tard, lui fera jeter l'éponge, las de constater des pertes répétitives.
Chaque année, ce sont plusieurs centaines d'apiculteurs qui jettent l'éponge dans ce sens.
Certes, remplacer ses reines chaque année peut offrir une alternative, mais pour combien de temps ? La facilité pour nombre d'apiculteurs est d'aller là où le porte-monnaie parle. Cela se conçoit, mais est-ce une
solution durable ? Ne vaudrait-il pas mieux étudier, observer et agir en conséquence des erreurs du passé ? Il est vrai que produire un essaim en laissant les abeilles elles-mêmes choisir les larves suceptibles de
devenir leur reine demande beaucoup plus de temps, d'efforts et d'attention comparativement à la méthode moderne qui consiste à introduire une reine au sein de deux ou trois cadres d'un couvain qui n'est pas le sien.
Avec une différence de prix variant du simple au double voire un peu plus, l'apiculteur débutant ne voit que du feu et entre dans un système. Libre à vous de penser ce que vous voulez, mais personnellement, je suis
convaincu que l'abeille endémique, élevée dans les meilleures conditions de production et d'un biotope adéquat, pourra traverser la tempête contrairement à certaines autres. Histoire de convictions pour le moment car
seul, l'avenir le dira.
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