© Marie Christine LAFOND       - Bernard NICOLLET -


Date de révision: 26/10/2013

. Bernard, je le connais bien puisqu'il est mon mari depuis 38 ans

. Un parcours apicole semé d'embûches

Marie Christine
©Photo C.NICOLLET

Propos Recueillis par MC Lafond

Après un parcours dans le monde de l'industrie et de la haute technologie où il dépose plusieurs brevets, il se reconvertit à l'Apiculture en 1998. Un retour aux sources et un virage à 180° ! Ses parents possédaient déjà des ruches quand il n'était qu'un jeune adolescent. Dès le tout début de cette reconversion, il découvre les bienfaits du venin d'abeille en intégrant l' équipe des "piqueur s" de Claudette A., atteinte d'une Sclérose en plaques depuis de nombreuses années et "adepte" du venin d'abeille. Dès lors, sa passion naissante pour les abeilles sera partagée entre de développement des colonies et l'étude du venin d'abeille dans les neuropathologies comme la SEP et la SLA (surtout la SLA - Sclérose Latérale Amyotrophique dite Maladie de Charcot) qui le conduiront à travers le monde pour y rencontrer les plus grands spécialistes d'apipuncture (piqûres d'abeilles sur les points d'acupuncture) et être reconnu (à l'étranger comme de coutume malheureusement)  par ses travaux une dizaine d'années plus tard dans ce club d'élites.

La pratique "d'apipuncture" n'est pas officiellement reconnue en France pour ne pas avoir été étayée par des preuves scientifiques. "Ce qui réussit en médecine naturelle dans de très nombreux pays pourtant civilisés, n'a pas sa place en France à cause de barrières de protections où préférence est de faire la part belle aux grands groupes pharmaceutiques qui font bouillir la marmite ce qui coûtent au passage des centaines de millions d'euros aux contribuables chaque année. Dans une période où l'on dit vouloir faire des économies, pour quelles raisons continuons nous à garder des œillères ? Je pense que si l'on supprimait une bonne partie des traitements qui ne sont là que pour enrichir un système mafieux sans jamais profiter réellement aux malades si ce n'est que les tenir dans une forme de "chantage au mieux vaut un traitement... que voir augmenter la maladie", on ne s'en porterait pas plus mal. 1 à 2 milliards d'euros à économiser uniquement dans le cas de 2 maladies neurodégénératives, cela aiderait grandement la recherche scientifique Française et contribuerait à récupérer le triple A tant convoité ".(dixit b.Nicollet)

. Son Parcours Apicole:

Fasciné par le monde des abeilles, il créé son premier rucher avec 3 ruches. L'année suivante, en 1999 il en possède une douzaine. Un an plus tard, une cinquantaine puis atteint sa première centaine en 2001.
En 2005, il décide de créer un rucher expérimental afin d'effectuer une recherche sur le venin d'abeille dans les maladies neurodégénératives.
Mars 2006: Alors qu'il est à la tête d'un cheptel de plus de 400 colonies ses ruchers sont soudainement frappés du redoutable syndrome de l'effondrement et de la disparition des abeilles. Le rucher expérimental est totalement décimé. Fait bizarre, le 20 Février de cette année là, alors que des journées printanières avaient provoqué l'éveil des abeilles et leur première sortie, tout était réuni pour annoncer une belle année de prospérité ainsi que la joie de l'apiculteur. Le 5 mars, lors d'une visite de printemps qui consiste au nettoyage des ruches, les abeilles semblent avoir disparu. Sur 187 ruches présentes au Rucher expérimental, seules trois d'entre elles donnèrent un petit signe de vie qui sera étudié et traduit  plus tard comme en plein effondrement.
Les ruches sans vie ne laissent découvrir qu'une simple poignée d'abeilles mortes, recroquevillées à l'intérieur des alvéoles des cadres de cire comme pour se blottir entre elles afin de lutter contre le froid et se tenir chaud.

. Le CCD ou Syndrome de la disparition des abeilles

Que s'est-il passé ?
Le syndrome de la Disparition des abeilles ?
Le risque d'un acte de sabotage ou acte mal veillant fut écarté rapidement car le rucher était bien en place sans présence de cadavres d'abeilles ni à l'intérieur des ruches ni au pied des ruches. L'analyse des abeilles retrouvées mortes ne démontra qu'une toute petite présence de Varroas principaux prédateurs des abeilles. Dans l'entourage professionnel de Bernard, personne n'avait encore constaté un tel phénomène. Où sont donc passées les abeilles ?

La Disparition des abeilles: Notre rucher expérimental composé de 200 ruches d'élevage pour l'Etude
Le Rucher expérimental

En observant la triste réalité du désastre de ce magnifique rucher, l'attention de Bernard fut attirée par la présence d'abeilles dont les pattes étaient chargées de pollen et qui, en va-et-vient, entraient et ressortaient de ruches constatées inoccupées. Visiblement, les abeilles se trompaient de ruche car celles-ci ne pouvaient être la leur du fait de leur mortalité et disparition.
En les recueillant dans la main, les abeilles semblaient complètement perdues tout comme l'humain frappé de la maladie d'Alzheimer.. Où suis-je ?.. Je veux rentrer à la maison !.. Dites moi où j'habite ?.. Quel jour sommes-nous ?.. Qui c'est, ce monsieur en Blanc ?..  Bernard, comme il se plait à le faire remarquer, "se fait peut-être un film".. mais seul, tout apiculteur qui depuis a connu ce bien triste phénomène comprendra.

. L'état des ruches était-il en cause ?

En ouvrant ruche après ruche, tout était propre. Une seule d'entre elle présentait quelques traces de coulées fécales mais pas les autres. C'était un peu comme si un lotissement construit récemment devenait subitement déserté par ses habitants sans avoir rien emporté avec eux, laissant sur place voitures, jeux d'enfants, réfrigérateurs et congélateurs bien remplis etc..
Dans les ruches, il y avait des cadres récents dans lesquels était encore stocké miel et pollen. Sur le plancher interne, la présence tout au plus d'une poignée d'abeilles mortes alors qu'à l'entrée de l'hiver les ruches étaient très populeuses pour la plupart.

A l'écoute des apiculteurs locaux, c'était sans dire à cause de l'excès de rapidité du développement des ruchers de Bernard. Certes s'il est possible de commettre des erreurs qui peuvent conduire quelques ruches à une mort certaine, cela ne concernait pas la totalités des différents ruchers.
Alors que les explications des uns et des autres étaient assez divergentes et aucune de bien fondée, un laboratoire Suisse conclut à la présence de nombreux spores de Nosema Ceranae, un champignon parasite de la paroi intestinale de l'abeille.

. Une cascade d'événements non maîtrisés

L'usage intensif de pesticides, tout comme l'apparition de plantations OGM ont constitué le point de départ d'une cascade d'éléments qui vont aboutir à l'anéantissement total du rucher expérimental. Mais comme le souligne Bernard, il ne faut pas jeter la pierre à cette agriculture moderne dont les deux acteurs : agriculteurs et apiculteurs ne savent pas dialoguer entre eux. Certes, si l'usage des pesticides sélectifs est un fait avéré partout dans le monde, et responsable à plus de 80% de la perte des abeilles, leur disparition n'est pas de son seul fait. Il faut également inclure d'autres facteurs comme:

  • le Varroa, prédateur principal de l'abeille dont les traitements actuels ne permettent pas d'éradiquer définitivement sa présence, et c'est certain, contribue à l'affaiblissement des colonies,
  • les erreurs ou manquements de l'apiculteur lui-même, dont la première est de ne pas reconnaître ou tardivement..
  • le manque de biodiversité et la disparition générale des fleurs tant des talus que des près et sous-bois, coupant ainsi la source protéique dont l'abeille a impérativement besoin.
  • Les semences céréalières enrobées.

C'est cette analyse qui poussa Bernard à compiler toutes les informations propres à l'environnement de ses différents ruchers. A une distance d'à peine 1 km à vol d'abeille du rucher expérimental, se trouve un lycée Agricole ainsi que des terres cultivées en Maïs dont la fleur constitue l'un des tous derniers apports nutritionnels de l'abeille en fin de saison. Or quand le Maïs a subit une transformation génétique pour devenir insecticide afin de l'auto-protéger, il devient insecticide jusque dans sa moindre molécule.
Il est important de souligner, poursuit Bernard, que l'avènement des semences enrobées est à lui seul responsable de 80% des pertes de colonies. Quand on considère que deux périodes sont défavorables aux abeilles: celles des semis et celles de la floraison, l'apiculteur reste dans défense et constate malheureusement en sortie d'hiver bien souvent, un abandon quasi total de ses ruches.
Les abeilles, sans aucun moyen de se prévenir, ramènent par conséquent à la ruche, un pollen qui sera le meurtrier de la génération des larves qui devront naître juste avant l'hiver ou pendant celui-ci. Ce ne sont pas en effet les abeilles butineuses qui consomment le pollen collecté (sinon elles en mourraient elles-mêmes), mais bien la génération à venir, celle qui aura pour mission de passer tout l'hiver; c'est pourquoi les colonies périssent généralement pendant l'hiver.

Ce deuxième élément dont l'importance est capitale pour la survie de la colonie d'abeilles d'une ruche, n'est autre que préserver une population nombreuse afin d'assurer chaleur et protection pour la reine pendant toute la période hivernale. Sachant que bon nombre des abeilles sont mortes naturellement à l'entrée de l'hiver et au cours de celui-ci, la survie de l'abeille n'est possible qu'à la condition que la reine ait assuré une ponte suffisante pour assurer le renouvellement de la colonie. Le problème est que les larves d'hiver seront nourries avec le pollen récolté par la génération précédente. Beaucoup d'entre elles ne vont pas survivre, induisant ainsi un triple problème en cascade:
D'une part, nous venons de le dire, une diminution de la population qui aura du mal à assurer la chaleur nécessaire à la survie de la colonie, d'autre part, une impossibilité à la poignée restante de s'occuper des nouveaux œufs pondus par la reine dès les premiers beaux jours.

Enfin, les abeilles survivantes étant si affaiblies, parfois même incapables de se nourrir malgré l'intervention de l'apiculteur,  développeront Nosema Ceranae dont la présence est plus ou moins naturellement en embuscade, sous-jacente, conduisant ainsi la ruche à une mort obligatoire.
La reine sera protégée pratiquement jusqu'aux toutes dernières abeilles qui formeront une mini grappe pour tenter d'apporter les dernières ressources de chaleur pour leur mère.
Nosema Ceranae se développe principalement dans la partie intestinale de l'abeille. mais comme tout champignon, ses spores représentent le vrai seul danger dans une contamination qui peut s'effectuer en un clin d'oeil en quelques heures seulement. Présents et libérés dans les matières fécales de l'abeille, ils peuvent facilement être déplacés par une simple brise d'air, propageant ainsi par la méthode la plus sûre et naturelle: la contamination des autres abeilles. Plus l'abeille est en carence protéique, plus l'accroissement de ce champignon est puissant. Or, l'apport de protéines est normalement assuré par le pollen des fleurs .
Pour comparaison, si l'homme venait à adopter une alimentation carencée en protéines, il verrait s'effondrer sa vitalité, sa musculature, et serait très vite exposé à de très nombreuses pathologies, voire des maladies infectieuses.

Sans remettre totalement en cause les planchers dits "ouverts" ou "grillagés", le froid de l'hiver entre également dans le creuset des éléments qui affaiblissent les colonies. Depuis 2006, Bernard a constaté qu'en fermant hermétiquement les planchers, la température interne de la ruche était maintenue, la condensation n'étant un problème réel qu'en cas de descente en dessous de -5° de température externe sur plusieurs jours. Une première année, une moitié des ruches étaient laissées planchers ouverts tandis que l'autre moitié étaient fermées (350 ruches). Il n'y eut pas plus de mortalité d'un coté comme de l'autre jusqu'en Février. En revanche, début Mars, au tout début de l'effondrement des colonies, force a été de constater que les ruches "planchers ouverts" ont été décimées plus rapidement avec un peu plus de 10 jours d'avance sur les autres. Comme le souligne Bernard, cela n'est pas plus réjouissant mais démontre cependant le signe d'une meilleure résistance. D'autre part, ce délai pourrait être dans certaines conditions, un délai suffisant pour l'intervention possible de l'apiculteur attentif à ses colonies en début de saison !

C'est l'année suivante, en Mars 2007 que la confirmation de ces éléments en cascade va être démontrée et confirmée.
Après avoir reconstitué une partie seulement du cheptel, Bernard décidait de séparer ses ruchers en 2 afin de mettre en place un certain nombre de points de contrôles basés sur:

  • La souche de la colonie,
  • sa population
  • son habitat
  • ses réserves avant l'hiver
  • son nourrissement hivernal
Champ de maïs surplombé par une antène relais GSM, talus rasés
Champ de maïs surplombé par une antenne GSM,
talus rasés et traités: Tous les Ingrédients sont réunis
pour devoir déménager un rucher

Les ruches (148 unités) qui ont été placées à proximité de cultures issues de l'agriculture raisonnée, agriculture de conservation ou agriculture biologique étaient à 95% vivantes en sortie hivernale. Ce 5% de mortalité est un taux tout à fait acceptable et reconnu comme tel dans le monde apicole alors qu'on acceptera dans les années 2010 comme normalité, un taux moyen de mortalité avoisinant les 30%.
"J'ai constaté la présence de Varroa sur quelques cadavres malgré un traitement automnal préventif. En revanche, les colonies qui sont restées présentes sur le rucher expérimental et sur 2 autres ruchers (dont l'environnement dans un rayon inférieur à 3 Km montrait la présence de cultures de Colza et Maïs traités par semence enrobées), ont été décimées à plus de 85%."
Il a été constaté sur de nombreux cadres, la présence de coulées fécales avec traces de Nosema Ceranae alors qu'aucune des colonies mortes du premier groupe n'en a révélé.

. Quelle solution et quel traitement ?

Puisque Nosema Ceranae accroît son développement principalement au tout début du printemps (période particulièrement propice au manque de protéines, il était donc capital d'étudier ce phénomène:
Voir un rucher en pleine effervescence fin février et constater moins de 3 semaines plus tard, son effondrement et mortalité apporte un lot de questions et d'interrogations.

 En Février, l'hiver tire peut-être à sa fin, mais c'est loin d'être un début de saison pour les abeilles (principalement dans les régions montagneuses ou de hautes campagnes, même si, comme le souligne le calendrier des sourciers, l'abeille sort de son sommeil le 21 janvier.

Pour démarrer le cycle de régénérescence de la colonie, il est indispensable que l'abeille trouve une source pollinique très tôt . Les pollens en effet, apportent les protéines indispensables au développement de la colonie. Plus tôt l'abeille butine et rentre du pollen, plus tôt la reine redémarre sa ponte.
Si l'abeille ne trouve pas de quoi satisfaire cet impératif, ce sera la principale cause de son affaiblissement et du développement de Nosema Ceranae.

. Comment Bernard a-t-il pu sortir d'une telle situation ?

  • 1/- Tout d'abord, en observant bien ce phénomène de début de saison aux tous premiers beaux jours, même si la température n'est pas encore synonyme d'activité (il y a ce qui s'observe en dehors de la ruche et à l'intérieur de la ruche).
    Très tôt, dès lors que les abeilles sortent pour leur première toilette, il faut complémenter en protéines par l'apport d'un Candi confectionné pour cela. Si ce Candi est bien adéquat, l'apiculteur pourra s'apercevoir que les abeilles se précipitent dessus comme une troupe de requins le ferait autour de toute chair bien saignante (même quand il reste une quantité de provisions dans les cadres).
  • 2/- Un traitement complémentaire contre le varroa restant. Lors du traitement de fin d'été, bien des Varroas ont été détruits mais il en reste toujours suffisamment pour que ceux-ci soient vivants jusqu'au printemps et réactivés avec les toutes premières pontes de la reine. Les vieux apiculteurs vocifèreront qu'ils n'ont pas de varroas.. et pourtant ! Quand une abeille est porteuse de son parasite, elle est affaiblie et une abeille affaiblie ne peut pas contribuer au travail collectif. Répétez cela sur plusieurs centaines d'individus et vous obtenez bel et bien un affaiblissement de la colonie.
  • 3/- Enfin, profiter de cette période de tout début d'activité pour décontaminer les cadres les moins touchés qui pouvaient contenir des spores de Nosema Ceranae.

    C'est dans ce contexte que sont préparées les ruches d'élevage de Bernard. Ce travail Titanesque lui a permis de commencer à sortir de la crise alors que d'autres vont tout juste la connaître et ne pourrons pas sortir d'un cercle vicieux qui va naître. Comme il le souligne, l'apiculture risque bien d'entrer dans un cercle vicieux infernal. Les avis étant partagés entre "traitement" et "non Traitement", l'apiculteur dont les ruches s'effondreront risquerait bien de contaminer d'autres colonies saines qui ne sont pas forcément les siennes.. Ce phénomène passe inaperçu pendant l'été car les reines compensent par une ponte surabondante.
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    Fin de l'article

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